Burgondes
Période jusqu'au xie siècle
Ethnie Peuple germanique
Langue(s) Burgonde
Religion paganisme, arianisme
Région d'origine Europe
Rois/monarques Gondebaud, Saint Sigismond,
Les Burgondes (en allemand Burgunden/Burgunder) sont un peuple germanique appartenant au rameau ostique1, probablement originaire de l'île de Bornholm dans la mer Baltiquenote.
Pline l'Anciennote cite pour la première fois le nom de ce peuple au ier siècle. Cet écrivain romain le localise sur l’Oder, dans l'actuelle Pologne.
Ptolémée place les Bures (latin : Buri) à côté des Lugues à l'ouest de la source de la Vistule et d'après Dion Cassius ils furent alliés des Daces dans leurs combats contre Trajan. Ils prirent part aux guerres marcomanniques. Sous l'empereur Commode une expédition punitive contre eux fut organisée. Ils sont enfin mentionnés sur la Table de Peutinger comme établis entre Quades et Sarmates.
Les Burgondes participent aux invasions et migrations de la fin de l'Antiquité et du début du Moyen Âge, période durant laquelle ils s'établissent durablement dans le sud-est de la Gaule, comme peuple fédéré de l'Empire romain.
À la fin du ve siècle, profitant de l'effondrement de l'Empire romain d'Occident, les Burgondes fondent un royaume qu'ils étendent vers la Suisse romande actuelle et le quart sud-est de la Gaule. Cependant, dès 534, le royaume des Burgondes est intégré au royaume des Francs mérovingiens, dans le cadre duquel, à la fin du vie siècle, il prend le nom de regnum Burgundi (« royaume de Burgondie » ou « Royaume de Bourgogne »), dont est issu le nom actuel de la Bourgogne.
Le particularisme burgonde, fondé sur la politique tolérante et habile d'harmonie inter-ethnique suivie par les rois burgondes, notamment Gondebaud, promulgateur de la loi gombette, se perpétue au Moyen Âge en un « sentiment national bourguignon », selon l'expression de Maurice Chaume.
La plupart des chercheurs s'accordent à penser que les Burgondes auraient pu être associés aux cultures de Wielbark, puis de Luboszyce3
Pline l'Ancien écrit en l’an 78 que le peuple burgonde est localisé sur l'Oder4, dans l'actuelle Poméranie. Son territoire aurait été délimité :
à l'est par la Vistule
à l'ouest par la Warta jusqu'à sa confluence avec la Noteć
au nord par la vallée de la Noteć
au sud par le territoire des Ruges5.
Au iie siècle, le géographe Claude Ptolémée6 les situe entre l'Oder et la Vistule7 et, selon l'historien Jordanès, ils occupent le même territoire en l’an 2458.
Peu après, les Burgondes migrent vers le sud-ouest7 et se heurtent aux Gépides du roi Fastida qui leur fait subir une grave défaite. Il semble même que l'existence de leur pays prit fin, mais même fortement diminué le tronc du peuple burgonde persistait, ajoute Katalin Escher9.
Jordanès raconte cet épisode comme suit10 :
« Donc, comme nous le disions, Fastida, souleva sa paisible nation et étendit par les armes les frontières de sa patrie. Il massacra en effet les Burgondes au point de presque les anéantir et se rendit maître de plusieurs autres nations. En provoquant aussi à mauvais escient les Goths, il viola le premier le lien du sang en suscitant un conflit qui n'aurait pas dû être, exalté qu'il était par l'orgueil démesuré dont il était bouffi. Tandis qu'il entreprenait d'ajouter des terres à son peuple qui croissait, il diminuait le nombre des habitants de sa patrie. »
— Jordanès, Getica, XVII
Katalin Escher11 préfère écrire que les Burgondes, établis à cette époque (vers 244-251) entre La Vistule et l'Oder, furent attaqués par le peuple voisin des Gépides.
Il est possible aussi que cette défaite ait entraîné leur mise en mouvement vers l'ouest12. Les Burgondes passèrent l'Oder et s'installèrent quelque temps près de l'Elbe.
Les Burgondes en Germanie (iiie – ive siècles)
Cette période n'est pas très bien connue. Les Burgondes sont cités par quelques auteurs, mais il est possible que les chroniqueurs romains des campagnes militaires ne les distinguent pas toujours des Alamans, dont ils paraissent avoir été assez proches. On a pourtant découvert à Trèves la pierre tombale d'un «Hariulf», de la « lignée royale des Burgondes », et à Kahl am Main, dans la banlieue de Francfort, les vestiges de maisonnettes et d'un cimetière germanique dont les artefacts présentaient des caractéristiques proches des futurs objets burgondes de la moitié du ve siècle
Zosime (ve siècle)
Buste de Probus, musée du Capitole
L'historien byzantin du ve siècle, Zosime évoque les Burgondes à une époque très éloignée de lui. L'épisode qu'il relate se place en l'année 278, et se déroule dans une zone frontalière de l'Empire, près du Danube. Katalin Escher14 et J. Favrod15 précisent que l'action s'est déroulée sur la rive du « Ligos », identifié comme le Lech, cours d'eau affluent du Danube. Quelques décennies après l'épisode de la guerre gépide, les Burgondes avaient continué leur migration vers le sud-sud-ouest et se trouvaient face au territoire des Alamans. Dans le récit que Zosime fait de l’expédition de l'empereur romain Probus en 278 en Gaule, les Burgondes alliés aux Vandales dirigés par le roi vandale Igillos ont été battus par Probus7. Probus s’est emparé d’Igillos7, et a déporté de nombreux prisonniers vandales et burgondes en Bretagne16 (actuelle Grande-Bretagne). Zosime écrit :
« Les Romains provoquaient au combat les Barbares établis sur l'autre rive : irrités par ces démonstrations, tous ceux qui en furent capables traversèrent le fleuve ; mais les légions leur tombant sur le dos, les Barbares furent en partie massacrés, tandis que les autres furent pris vivants par les Romains. Le reste demanda de conclure un accord, en offrant de rendre aussi bien le butin que les prisonniers de guerre qu'ils se trouvaient avoir en leur possession, mais lorsque leur demande eut été agréée, ils ne rendirent pas tout ; l'empereur, indigné par ce procédé, les attaqua tandis qu'ils se retiraient et leur infligea le châtiment qu'ils méritaient en les massacrant et en s'emparant de leur chef Igillus vivant ; il fit conduire en Bretagne tous les barbares qu'il réussit à faire prisonniers ; ceux qui étaient établis dans cette île devinrent utiles à l'empereur lors d'une insurrection. »
— Zosime, Histoire Nouvelle, Livre I. Cité par Katalin Escher, Les Burgondes, p. 10.
Ammien Marcellin (ive siècle)
Valentinien Ier.
L’historien Ammien Marcellin apporte des informations sur des événements qui se sont déroulés en 359, date à laquelle l'empereur Julien dirigea une expédition contre les Alamans. Ammien Marcellin écrit que Julien ayant franchi le Rhin, il pénétra profondément sur leurs terres et atteignit le lieu « appelé Capellati ou Palas. Là se trouvent les bornes qui marquent la limite des territoires des Alamans et des Burgondes »19,note 4.
Il fait état aussi d'autres évènements vers 369, 370note 5. À cette époque, les Alamans et leur roi Macrien tiennent les Romains en alarme par leurs attaques incessantes. L'empereur romain Valentinien Ier, fait appel aux Burgondes, « ... dont la vaillante et inépuisable jeunesse était l’effroi de tous ses voisins, par là redoutable pour tous. » et qui sont alors en conflit avec les Alamans, pour des questions tenant à la délimitation des frontières et à la propriété de salines. Romains et Burgondes envisagent une action concertée pour vaincre les Alamans. Les Burgondes mettent sur pied l’élite de leur troupe et un corps de 80 000 soldats descend sur les bords du Rhin. L’empereur romain « n’était pas au rendez-vous et rien n'indiquait un commencement de sa promesse ». Les Burgondes, indignés et furieux de la tromperie des Romains, regagnèrent leur terre natale après avoir massacré tous les prisonniers.
Dans son récit, Ammien Marcellin donne aussi quelques indications sur l'exercice de l'autorité au sein du peuple burgonde.
Exercice du pouvoir et religion
Selon Ammien Marcellin, à cette époque, le peuple des Burgondes, composé de plusieurs clans, n'avait pas de roi. Chaque clan avait deux chefs de même rang à sa tête ; l’un militaire et politique qui porte le nom générique de hendinos, l’autre religieux nommé sinistus. Le hendinos a la responsabilité de la prospérité et de la réussite du peuple mais il peut être déposé « si la fortune l'abandonne à la guerre ou si la récolte vient à manquer ». Le grand-prêtre Sinistus est nommé à vie. À cette époque les Burgondes sont païens.
Extrait du récit d'Ammien Marcelin :
« Le nom générique du roi chez ce peuple est Hendinos. La coutume nationale veut qu'il soit déposé si la fortune l'abandonne à la guerre, ou si la récolte vient à manquer. Les Égyptiens rendent aussi leur gouvernement responsable des mêmes circonstances. Chez les Burgondes le grand-prêtre s'appelle Sinistus et il est lui, nommé à vie sans se trouver exposé à aucun risque, comme le sont les rois »
— Ammien Marcelin, Histoire, Livre XXVIII
Katalin Escher11 indique que les spécialistes admettent qu'à la première moitié ou au milieu du iie siècle, le territoire des Burgondes serait délimité à l'est par la Vistule ; à l'ouest, par la Warta jusqu'à son confluent avec la Notec ; au nord, par la vallée de la Noteć et au sud par le territoire des Lugiens. C'est ce territoire qui est attesté comme le berceau continental de ce peuple, où il serait resté pendant environ deux siècles et demi. Le peuple burgonde se déplaça ensuite par migrations successives. Les historiens Justin Favrod et Katalin Escher20,14 estiment qu'après avoir quitté la région Oder-Vistule, les Burgondes sont sur l’Elbe vers 270 ; ils sont alors associés aux Vandales.
À la fin du iiie siècle, ils s'installent sur le Main21,14 et se trouvent au contact des Alamans, avec lesquels des relations difficiles s'établissent, comme l'attestent Claudius Mamertin et Ammien Marcellin. Ils séjournent un peu plus d'un siècle dans la vallée du Main.
La période qui suivit la descente du Rhin (370/373) jusqu'à l'invasion de la Gaule par les peuples barbares (406/407) reste une partie obscure de l'histoire burgonde. Katalin Escher22 écrit que c'est pendant cette période que les Burgondes acquirent de nouveaux territoires, et qu'un personnage unique, le roi tribal de la fin du ive siècle Gibica, personnage historique, ou son successeur Gundahar (mentionné en 412) qui est probablement son fils (ou son neveu ou son petit-fils indique Katalin Escher) unifia les clans sous son autorité. Gundahar, écrit-elle, pourrait déjà avoir régné en 40622.
Du côté de l'Empire, les Burgondes sont à plusieurs reprises en conflit avec Rome à l'occasion de tentatives d'incursion, mais vers 369-370 ils font alliance avec les Romains contre les Alamans.
L'archéologie a permis de mettre en évidence l'existence d'un établissement fortifié burgonde datant de la fin du ive siècle à Kreuzwertheim sur l'avancée rocheuse du Wettenburg, dans un méandre du Main