Duc des Austrasien (715), Maire du Palais d'Austrasie (716), Maire du Palais de Neustrie et de Bourgogne (719)
Fils de Pépin de Herstal (ou Héristal, commune de Belgique sur la Meuse), Charles Martel apparaît dans l'histoire au lendemain de la mort de son père (déc. 714), qui déclencha des troubles violents dans le royaume franc : Neustriens et Aquitains alliés aux Frisons et aux Saxons tentèrent d'abattre la puissance austrasienne. Au bout de six ans, Charles Martel réussit à défaire ses adversaires et à s'imposer avec les titres de maire du palais, duc et prince des Francs, aux côtés du roi mérovingien Thierry IV. Son action se résume dans la reconquête du royaume où l'autorité franque ne subsistait guère qu'en Neustrie et en Austrasie, les autres régions s'étant émancipées à peu près complètement depuis la fin du VIIe siècle. L'instrument de la reconquête fut l'armée du maire, constituée par sa clientèle austrasienne qu'il rétribua largement en terres d'Église : si les structures ecclésiastiques s'en trouvèrent bouleversées, cette sécularisation permit la transformation du royaume franc en un État guerrier. Charles Martel put ainsi en Germanie ressaisir la Thuringe et l'Alémanie, rétablir la suprématie franque sur la Bavière et reconquérir en partie la Frise ; il accorda en même temps son appui aux missionnaires qui achevaient l'évangélisation de la Germanie centrale et méridionale et y implantaient l'Église notamment à l'Anglo-Saxon Boniface. En Gaule, l'invasion de l'Aquitaine par les Arabes, l'appel au secours qu'il reçut du duc Eudes lui permirent de franchir la Loire, de remporter en 732 ou en 733 l'éclatante victoire de Poitiers et, après celle-ci, de recevoir le serment de fidélité du nouveau duc. Dans le Sud-Est, il reconquit non sans peine la Bourgogne et la Provence.
Son pouvoir s'était entre-temps tellement affermi qu'il ne remplaça pas le roi Thierry IV (mérovingien), mort en 737, et qu'il disposa souverainement du royaume en le partageant, avant de mourir, entre ses deux fils Carloman et Pépin.