À la mort de Clovis, ses fils Thierry, Clodomir, Childebert et Clotaire se partagent, conformément à la tradition franque, le royaume106 qu'il avait mis une vie à réunir.
L'essentiel de la Gaule ayant été soumis, sauf la Provence, la Septimanie et le royaume des Burgondes, son royaume peut donc être découpé en quatre parts, dont trois à peu près équivalentes. La quatrième, entre Rhin et Loire, est attribuée à Thierry, l'aîné des fils de Clovis, qui avait été compagnon des combats de son père et était né d'une union païenne avant 493. Elle est plus grande, puisqu'elle couvre environ un tiers de la Gaule franque.
Le partage a lieu en présence des grands du royaume, de Thierry, qui est déjà majeur, et de la reine Clotilde, selon Grégoire de Tours. Il est établi selon le droit privé que Clovis avait fait inscrire dans la loi salique : en 511, c'est donc avant tout le partage d'un patrimoine, celui des héritiers d'un roi propriétaire de son royaume qu'on observe. On peut, à la lumière de cette remarque, comprendre que la royauté des Francs ignore la notion de « biens publics » (la res publica des Romains) et donc d'État. La disparition de l'État, en effet, semble consommée à travers le partage du royaume de Clovis.
Cette pratique est très différente des partages également pratiqués par les derniers empereurs romains : légalement, l'Empire restait un, le partage avait lieu pour des raisons pratiques, les successeurs étaient choisis parfois en fonction de leurs mérites. Même quand il s'agissait des fils de l'empereur, l'empire n'était pas découpé en autant de parts qu'il y avait de fils, et jamais l'empire n'a été séparé de la notion d'État par les Romains.
Après la mort de Clovis survenue le 27 novembre 511, le royaume des Francs est partagé entre Clotaire et ses trois frères17 : Thierry Ier, Clodomir et Childebert Ier18.
En raison du droit de la mère (Mutterrecht), il est attribué aux différentes reines, pour leurs fils, une portion de royaume en tenant « la balance égale ». Clovis ayant eu deux épouses, le royaume est d'abord divisé en deux. L'aîné, Thierry, fils de la première épouse, est largement avantagé en recevant le royaume de Reims.
Clotaire partage la deuxième moitié avec ses deux autres frères19. Clotaire reçoit la partie nord, Childebert la partie centrale (royaume de Paris) et Clodomir la partie sud (royaume d'Orléans).
Le royaume de Clotaire se compose de deux parties, l'une en Gaule belgique, correspondant au royaume des Francs saliens, où il établit sa capitale à Soissons20 et qui comprend les diocèses d'Amiens, d'Arras, de Saint-Quentin et de Tournai, l'autre en Gaule aquitaine comprenant les diocèses d'Agen, Bazas et Périgueux
Dans la tradition germanique, le mode de succession des rois sur le trône, la tanistry (nom celtique désignant la succession par le cadet et non par le fils), se fait entre frères, de l'aîné au benjamin, puis aux oncles et aux neveux10. Mais depuis le règne de Clovis Ier, la loi salique impose le partage du royaume entre les fils du roi. Contrairement au mode de succession par primogéniture qui régit la succession au trône du père au fils aîné, comme sous la dynastie capétienne, le royaume est divisé entre autant de fils que le roi a, afin que chacun puisse régner. La division du Regnum Francorum engendre des sous-royaumes (Teilreiche14) distincts, permettant à chaque prince d'exercer une royauté complète dans le sous-royaume attribué, plutôt que de diviser l'exercice du pouvoir avec les autres princes sur l'ensemble du territoire.
Le caractère patrimonial du partage est particulièrement marquant par le morcellement des conquêtes situées au sud de la Loire. Chacun, pour visiter ses domaines du midi, est contraint de traverser les terres d'un ou de plusieurs de ses frères.
Cependant, fait notable, les quatre capitales des nouveaux royaumes sont toutes situées au centre de l'ensemble, relativement proches les unes des autres et dans l'ancien royaume de Syagrius : à partir de ce moment, « on voit apparaître un contraste frappant entre de fortes tendances à la dispersion et la force immanente d'une unité d'ordre supérieur : l'idée d'un royaume des Francs unifié restait ancrée dans les esprits »[réf. nécessaire]. La nation franque ne retourne plus à l'état de tribus, et du moins n'est plus fractionnée entre saliens et ripuaires.