Bourgeois de Bourges, Lieutenant Général en Berry
Seigneur de La Tour de Clamecy.
Le fils de Jean I, David I Chambellan, est qualifié de « bourgeois de Bourges » en 1353 (Archives Nationales JJ 81 n"?25 p. 72).
David I est en procès en 1349 contre Agnès de Fains, dame de Menetou-Salon et l'emporte en obtenant à son tour saisi, à son profit (Archives Nationales, Xl A 306V). En 1353 nous le retrouvons impliqué dans une affaire d'une toute autre importance. Pour une raison que nous ignorons, un conflit important naît entre Regnault Fournier, avocat du roi, et David I Chambellan et ses proches, Jean de Clamecy et Guillaume Pelourde. Une altercation oppose les quatre hommes, les insultes fusent. David Chambellan se jette sur l'avocat et lui brise la mâchoire. Il obtiendra rémission de cet acte avec ses compères le 23 avril 1353 (Archives Nationales, JJ 81 fO 3720). Toutefois l 'affaire n 'en restera pas là et prendra même la tournure d'une véritable vendetta puisque l'avocat royal Regnault Fournier est condamné le 16 août 1354 pour le meurtre de Jean Pelourde (Archives Nationales, JJ 82 fO 277). Cet épisode n'a pas pour seul intérêt de nous montrer comment David I participait à la violence latente de l'époque. La rémission est assortie d'une amende de 500 livres. Nos Chambellan sont déjà, au milieu du XIVe siècle, des notables ayant une certaine surface financière. C'est peu au regard des 3000 écus d'or que doit payer Regnault Fournier.
Une autre information nous est fournie par cette affaire. Lorsque David Chambellan, Guillaume Pelourde et Jean de Clamecy attaquent l’avocat du roi chez lui, de nuit dans une opération qui ressemble fort à une embuscade et qui doit faire suite à d'autres heurts, Regnault Fournier rappelle qu'il est officier royal et qu'il est protégé par ce statut. Les trois agresseurs en font fi en mettant en avant les coutumes et les libertés de la ville de Bourges. Sans pouvoir avancer que l'agression de l'avocat a des raisons politiques, nous voyons là David Chambellan adhérer à une idée de l'Indépendance de Bourges par rapport au pouvoir royal; et il marque son attachement aux libertés urbaines. C’est un bourgeois de son temps, assez éloigné des positions que tiendront ses descendants. Enfin cet épisode présente un grand intérêt pour notre étude car if est une première illustration de la solidarité familiale. Jean de Clamecy est aussi le beau-père de David et Guillaume Pelourde appartient à la famille de son gendre. Au-delà des activités marchandes, cela nous conduit au véritable moteur de l'émergence des Chambellan : le jeu des alliances familiales.
Nous commençons à trouver de indications sur les alliances des Chambellan à partir de la troisième génération, avec David I Chambellan et sa soeur Marie I Chambellan. L'analyse des mariages effectués par les trois générations qui se succèdent de 1330 à 1400 est riche d'enseignement. Marie I épouse Louis de Pleix. En revanche son frère David I épouse Marguerite de Clamecy, fille de Jean de Clamecy seigneur de la Tour du Clamecy. C'est vraisemblablement son fils qui fait le coup de poing, avec David centre Regnault Fournier. Il est qualifié de bourgeois de Bourges comme David. C'est une famille ayant une fortune importante et dont l'implantation est plus ancienne que les Chambellan.
Nous avons affaire, au XIVe siècle, à une solidarité familiale naissante dans un cercle relativement restreint. Les Le Roy et les Pelourde forment le noyau de ce cercle. Dans l'affaire Fournier nous voyons vraiment s'exprimer cette solidarité, les Pelourde, Chambellan, Clamecy agissent en bande.
Ce qui permet le décollage définitif de la famille Chambellan, c'est l’influence exercée pour la région par le duc Jean de Berry. Ce dernier se construit une véritable cour à Mehun-sur-Yèvre et à Bourges. Jehannin de Bar et Jean I de Rupy y auront des fonctions (valet de chambre) qui leur permettront de prendre place hors de la merchandise initiale. Ces drapiers que sont encore sans doute les Chambellan à la fin du XlVe siècle, vont aussi certainement profiter des retombées commerciales que les goûts fastueux du duc répandent sur Bourges et ses environs. En effet, le XlVe siècle n'est pas seulement pour les Chambellan le temps des premières alliances, c’est aussi celui de la construction d'un patrimoine.